Encore un article sur le sujet ! Ben voui… Je vais vous expliquer le pourquoi, le pourquoi maintenant et pas plus tôt, tout ça tout ça. Mais d’abord j’aimerais résumer « l’affaire Aime comme Marie », histoire de mettre les choses aux clair et de la présenter vite fait à ceux qui ne l’auraient pas suivie.
Les faits
Tout à commencé avec trois posts du Vicomte de Boisjoly, ou Biquette sur T&N :
– un premier article qui montre, photos à l’appui, que les pièces de la chemise Aime comme Mister se superposent parfaitement aux pièces de la chemise n°1D du livre « Les Chemises » par Ryuichiro Shimazaki,
– un second article qui montre, photos à l’appui, que les pièces du chemisier Aime comme Mythique se superposent parfaitement aux pièces du chemisier 105 du magazine Burdastyle de septembre 2009;
– un troisième article qui fait la synthèse, dans lequel le Vicomte de Boisjoly donne son avis et demande des explications à Marie, la créatrice des deux patrons qui lui semblent être plagiés.
Des conversations parfois virulentes se sont déroulées dans les commentaires de ces articles.
Certaines personnes ont avancé l’argument que « une chemise est une chemise, normal que les patrons soient identiques ». Mettons les choses au clair. Une chemise aura toujours deux manches et une patte de boutonnage (ce sont des caractéristiques générales sous-entendues par le mot « chemise »), mais ce n’est pas pour autant que les pièces se superposent au millimètre près et que les toutes leurs courbes sont identiques. Biquette l’a d’ailleurs montré dans un quatrième article en comparant les patrons de Aime comme Marie à d’autres patrons de chemises, on voit alors apparaître des différences. Ces quelques millimètres d’écart viennent de la façon dont le modéliste a dessiné ses pièces. Retomber sur pile poil sur les mêmes pièces, c’est théoriquement impossible.
Autre défense avancée : « de toutes façons quelle est la limite entre inspiration et copie ? ». On peut parler d’inspiration ou de « copie pas grave » quand on insère dans son patron une pièce correspondant à un détail vu ailleurs (« Ha tiens, sympa l’idée de l’épaulette passepoilée, je vais en faire une aussi »), mais il s’agit de plagiat quand la pièce originale est purement et simplement décalquée (on ne plagie pas un livre d’histoire en disant que la bataille de Marignan a eu lieu en 1515, mais on le plagie si on recopie tel quel le paragraphe du livre dans lequel c’est écrit).
Après un silence de plusieurs jours, Marie, la créatrice des patrons Aime comme Marie, a réagi sur son blog dans cet article. Les commentaires sous cet article sont peu nombreux et pour cause : ils sont sévèrement modérés.
Plusieurs blogueuses ont relayé l’information, sur leur blog ou sur les réseaux sociaux, j’apprécie notamment beaucoup la prise de position de Tasticottine. Une grosse discussion a actuellement lieu sur le forum de Threadandneedles concernant ce sujet.
Certaines personnes évoquent des suspicions de plagiat sur d’autres patrons Aime comme Marie ainsi que sur certains tissus de la même marque. ATTENTION : aucune de ces suppositions de plagiat n’est étayée comme le sont celles soulevées par le Vicomte de Boisjoly, c’est-à-dire que personne n’a superposé les pièces de patrons Aime comme Marie aux pièces supposément plagiées et personne ne sait précisément sous quelle licence Aime comme Marie aurait pu acquérir les graphismes utilisés sur ses tissus. Je souhaite donc mettre de côtés ces suspicions qui, sans preuve tangible, ne peuvent être discutées. De la même manière, je trouve qu’il n’est pas convenable de mettre en cause les clientes de la marque Aime comme Marie, qui se sont senties attaquées par certains commentaires.
EDIT de 13h40 : encore des révélations par Biquette/Vicomte de Boisjoly, faites sur le forum de Threadandneedles, qui relèvent des faits et qu’il me parait important de partager ! Marie a publié des photos de chemises qu’elle a dit avoir réalisé à partir du livre « Les Chemises », juste là. Puis quelques mois plus tard, elle en publie d’autres elles aussi cousues à partir du même livre, elle sont toutes visibles là. Et quand Marie sort le patron Aime comme Mister, elle donne les liens vers ces même chemises, d’abord présentées comme cousues à partir du livre « Les Chemises », comme exemple de réalisation de son propre patron : là (des liens pointent là et là).
Voilà, ça c’était les faits : les articles qui ont lancés l’affaire, quelques précisions factuelles pour décoder le problème, la réponse de la principale intéressée et les discussions en cours un peu partout sur la blogosphère. Avant d’aller plus loin, je vous invite à visiter les différents liens si vous ne l’avez pas encore fait, afin que vous puissiez vous faire votre propre avis.
Et moi dans tout ça ? Et pour commencer, pourquoi je n’ai pas réagi plus tôt ?
Mon premier problème, c’est qu’à la base je n’aime pas la marque Aime comme Marie. Ses patrons ne sont pour la plupart ni à mon goût, ni adaptés à ma morphologie. Je n’aime pas l’univers, le style de cette marque, dans laquelle je ne me reconnais absolument pas. Je n’ai jamais acheté aucun patron ni tissu de la marque Aime comme Marie.
Le second problème, c’est que j’ai déjà dit ce que je pensais des patrons créés par Marie et ce n’était pas franchement positif. En effet, si je n’ai pas cousu de Aime comme Marie, j’ai en revanche cousu du Deuxième Arrondissement qui est une autre des marques de Marie (les patrons sont de la même qualité et la présentation est la même). Et je vais encore en dire du mal dans des articles à venir…
Sachant cela, est-ce que soulever cette affaire en public ne serait pas de l’acharnement de ma part ? Ne pourrais-je pas simplement passer mon chemin ?
Le troisième problème, c’est que si je ne pense pas avoir une grande notoriété je suis en revanche consciente que le fait d’être membre de la rédaction de Threadandneedles et testeuse de la marque Deer&Doe pourrait pousser certaines personnes à faire des amalgames. Rappelons donc que je n’exprime ici que mes opinions, en aucun cas celles de ces deux entités.
La quatrième, c’est que je tiens à la présomption d’innocence (en France personne n’a à prouver son innocence, c’est à l’accusateur de prouver la culpabilité), j’avais peur de crier au loup, je voulais sentir quelqu’un en face. J’avais besoin de lire la position de Marie, jusqu’à ce qu’elle réagisse c’était principalement son silence que je trouvais indéfendable (encore merci à Tasticottine d’avoir mis des mots sur mon malaise).
Et du coup, maintenant, qu’est-ce que j’en pense ?
Malheureusement pour Aime comme Marie, je ne vois pas trop comment ses patrons Mister et Mythique pourraient être autre chose que des copies. Les preuves sont là et ça, mon petit cœur de scientifique ne peut l’ignorer (si si, les scientifiques ont un cœur, un de ces jours je vous montrerai la poussette que Cherzétendre et moi avons achetée pour Njüt et vous comprendrez ce que je veux dire).
Malheureusement pour Aime comme Marie, son long silence durant lequel elle a agi comme si de rien n’était puis sa réponse (à mon avis) absolument pas convaincante, le tout assorti d’une « modération » violente des commentaires, me donne l’impression qu’elle se fiche du monde.
[EDIT de 13h40] Malheureusement pour Marie, elle a fait la grossière erreur de présenter des chemises qu’elles a cousues comme étant réalisées à partir du livre « Les Chemises » puis plus tard comme étant réalisées à partir de son patron Mister (les mêmes chemises !). Elle là j’ai vraiment l’impression qu’elle nous prend pour des truffes, elle perd toute crédibilité à mes yeux.
Heureusement pour Marie, je n’étais déjà pas cliente de ses patrons donc mon intention de ne plus acheter de patrons de sa marque ne changera pas grand chose à son chiffre d’affaire.
Et pourquoi j’étale ça ici, comme ça ?
Pour informer. Tout simplement. Pour qu’une personne qui cherche à soutenir des créateurs indépendants en achetant des patrons puisse faire son choix en toute connaissance de cause. On parle toujours des démarches des créateurs qu’on admire, il serait bon d’assumer aussi nos avis concernant les créateurs qui nous déplaisent.
Je souhaite également faire prendre conscience aux gens que la blogosphère, si elle représente une masse monumentale de clientes potentielles, n’est pas pour autant un pigeonnier. Je ne voudrais pas que des personnes malhonnêtes s’engouffrent dans la brèche après avoir constaté une absence totale de réaction sur cette histoire (que le plagiat soit avéré ou non, ne pas s’intéresser à l’affaire c’est envoyer le message « allez-y, de toutes façons on s’en fiche »). Il y a déjà beaucoup de créateurs indépendants qui font un super boulot, je n’ai pas envie de les voir couler parce qu’un margoulin aura conquis le marché avec des patrons copiés qu’il sera en mesure de sortir avec une cadence de folie. En tant que clients, nous devons rester vigilants pour protéger la qualité des produits qui nous sont proposés.
Et le droit à l’oubli dans tout ça ?
C’est la question qui m’a fait hésiter sur de nombreux mots, effacer, ré-écrire… Parce que tout texte publié sur internet reste. C’est pourquoi j’ai voulu dans cet article séparer clairement les faits de mon opinion, donner à tout lecteur qui passerait par ici les différents éléments de « l’affaire » pour lui permettre de se faire un avis avant de donner le mien, et enfin rester mesurée dans mes propos. J’espère ne pas m’être trop égarée en cours de rédaction !
Je vous reviens très vite avec trois projets photographiés qui n’attendent plus qu’une mise en mot, et cinq autres qui doivent passer devant l’objectif très très vite, en plus des projets en cours ! Parce que si j’ai été pas mal absente du net, je n’ai pas chômé pour autant ^^