La Walkyrie du tricot

Comme vous le savez si vous passez ne serait-ce que de temps en temps par ici, je suis testeuse pour Deer&Doe. Et j’adore ça ! Moi qui n’ai pas le caractère pour me lancer dans une telle entreprise, je suis admirative de celles qui le font et j’adore apporter ma pierre à leur édifice, d’autant plus que le processus de mise au point d’un patron est quelque chose de très intéressant.

Du coup, quand Lili du blog The Banyan Tree m’a dit qu’elle allait écrire le tuto de son gilet Brunehilde en plusieurs tailles, je me suis immédiatement proposée ! Aujourd’hui, elle a mis en ligne le tuto gratuit JUSTE LA, donc je vous montre enfin ma version ! Une précision tout de suite : tous les soucis que j’ai pu avoir (erreur dans les comptes de mailles, rendu qui n’allait pas, explications pas claires) ont été résolus et pris en compte dans le tuto,  vous pouvez le suivre les yeux fermés, tout y est ! Tant que j’y suis j’en profite pour vous prévenir : ce post est trèèèèèèèèès long. Mais, vu le temps qu’il m’a fallu pour tricoter ce gilet, ce n’est que justice ^^.

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Brunehilde est un gilet gigantesque et chaud, dans lequel il fait bon se lover. Je le porte comme gilet en plein hiver (au boulot sur un slim ou, comme sur les photos, sur un legging pour rester au chaud à la maison) et comme veste de mi-saison en ce moment. Je n’ai finalement pas mis de bouton pour le fermer, quand je veux éviter les courants d’air j’utilise un pic à cheveux ou un manche de pinceau. Une broche ferait aussi très bien l’affaire, mais je n’en ai aucune qui aille bien avec ^^. Quand je vois à quel point Eowyn aime s’y lover sur mes genoux, je me dit que ce modèle de gilet est aussi parfait pour les mamans qui portent leur bébé en écharpe et les femmes enceintes !

J’ai tricoté la taille 2 indiquée pour un 40/42, sachant que je porte du 40/42 chez Deer&Doe et plutôt du 38 chez Burda. Avec ça j’obtiens un fit bien loose comme prévu ! Mais de toutes façons pas de panique, le gilet se tricote en topdown (corps de l’encolure tricoté du haut vers le bas en allers-retours, puis manches tricotées en rond, puis col tricoté en allers-retours) donc vous pourrez l’essayer dès que vous aurez atteint le niveau des aisselles pour vérifier si la carrure vous convient.

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J’aime beaucoup le grand col et les deux pans de devant, qui permettent de bien s’emmitoufler tout en restant stylée. Mais au final, ce qui me botte le plus je crois que ce sont les manchettes bien serrées : ça tient chaud et surtout ça « libère » les avant-bras qui ainsi ne flottent pas dans ce tricot pourtant cocooning et oversize. Grâce à elles, on peut être emmitouflée dans le gilet tout en bossant sur des trucs délicats avec ses mains (couture, tricot, crochet, mais aussi cuisine et ukulélé ^^).

J’ai dû détricoter mes premières manchettes et les recommencer, elles étaient trop larges et pas assez ajustées dans la première version du tuto. Malheureusement, une tendinite s’est déclarée alors que j’étais au milieu du retricotage de la deuxième manchette. Plus moyen de tenir une aiguille à tricoter, alors qu’il me restait seulement 30 rangs pour avoir fini mon gilet ! Du coup j’ai appelé ma maman (on a toujours besoin de sa maman, même à 27 ans ^^) et j’ai pleurniché… (mode remise des oscars ON) Je profite donc de l’occasion qui m’est donnée pour remercier ma maman qui a tricoté les 30 derniers rangs de ce gilet (mode remise des oscars OFF).

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J’ai suivi les conseils de Lili et utilisé de la lima de chez Drops, achetée chez Kalidou. Cette laine est vraiment sympa : il s’agit d’un mélange laine/alpaca qui gratte peu (malgré ma peau sensible, je la supporte très bien), dont le fil se tient bien pendant le tricot et ne dessèche pas les mains. Certes ce n’est pas de la malabrigo sock, mais c’est tout de même un plaisir à tricoter comme à porter. En prime elle ne coûte vraiment pas cher, c’est un super rapport qualité/prix !

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Niveau coloris, j’avais du mal à me décider… J’ai pensé à plusieurs associations mais aucune ne me convainquait vraiment. Après consultation de Cherzétendre, j’ai laissé tomber l’originalité et j’ai bêtement copié sur Lili. Il faut dire que le mélange beige (beige clair mix, coloris 0206) et taupe (brun clair, coloris 5310) fait de ce gilet un bon basique qui va avec tout, ce qui me permet de le porter facilement comme veste.

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Pour ce qui est de l’aspect technique, ça a été un gros challenge pour moi  :
– le plus gros tricot que j’aie jamais tenté
– premier jacquard « classique »
– premier jacquard à deux mains
– 
première bordure en I-cord

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Pour commencer, la taille du tricot. Quand on voit la bête, on se doute bien qu’il faut du temps pour la tricoter. Au bout d’un moment, ça a fini par titiller mon côté scientifique et j’ai essayé de chiffrer tout ça. Sauf erreur de ma part, la taille 2 de Brunehilde représente 55000 mailles (oui, 55000, il n’y a pas d’erreur de frappe) et m’a demandé entre 70 et 100h de boulot (je n’ai pas pensé à chronométrer mes sessions tricot dès le début, c’est une estimation à la louche). Voilà voilà voilà. En même temps, on a rien sans rien !

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J’ai appris à faire du jacquard « classique » pour les motifs beiges du corps. Vous savez, le truc avec des bobinettes qui pendouillent de partout (le carton avec une fente pour coincer le fil c’est une fausse bonne idée, ça ne tient pas, les vraies bobinettes en plastique en forme de petit poisson c’est mille fois mieux !)… En fait ce n’est pas si compliqué que ça. J’ai juste eu un peu de mal à gérer correctement la tension au moment du changement de couleur, mais le résultat est tout de même tout à fait acceptable. Le seul problème pendant le tricot de la partie jacquard, c’est que l’ouvrage est intransportable. Avec les bobinettes qui pendouillent de partout, impossible de tricoter dans les transports ! Cette phase m’a surtout permis de constater une fois de plus le bon caractère de ma minette : elle dormait sagement sur mes genoux pendant que je tricotais, le tricot reposant sur elle, avec les bobinettes qui partaient dans tous les sens. Pour une chatounette qui adore jouer avec les fils et les rubans, ça tient du miracle !

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Pour les motifs des bras, qui sont tricotés en rond, on ne peut pas utiliser la technique du jacquard « classique » et on passe au jacquard à deux mains : on tient le fil taupe dans la main droite, le fil beige dans la main gauche, on regarde bien les vidéos d’explication de Lili, et roule ma poule ! Le point clé pour réussir cette partie, c’est de ne pas trop tirer sur les fils. De mon côté j’ai fait cette erreur, et mes bandes de motifs sont clairement plus serrées et de plus petit diamètre que le reste des manches. Heureusement ça ne me gêne pas pour enfiler le gilet et ce n’est visuellement pas dérangeant puisque les manches sont de toutes façons très longues et plissent, ce qui cache bien le rétrécissement. Au final, c’est une technique originale et assez sympa. J’ai mis 2h pour tricoter une bande de motifs de manche (soit 13 rangs), ce qui reste raisonnable compte-tenu du fait que c’était la toute première fois que je tentais cette technique.

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Bref, c’est un projet un peu costaud puisqu’il est long et fait appel à différentes techniques, mais en prenant son temps tout ça se fait très bien, d’autant plus que Lili a fait de supers vidéos pour expliquer les deux techniques de jacquard.  Et puis ça vaut le coup, ce gilet est un vrai doudou  ! Donc je ne peux que vous encourager à vous lancer,toutes les ressources nécessaires sont là.

J’ai encore un bonnet et une robe (tricoté et cousue avant la tendinite) en attente de photo, ainsi qu’une sublimissime jupe cousue le week-end dernier. J’étais tellement frustrée du DIY que Cherzétendre m’a donné un coup de main pour que je puisse un peu coudre, cet homme est juste PARFAIT !